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FESTIVAL DARK FAMILY, CLYZENN S'AFFICHE AVEC BRIO
Toute jeune association (puisqu'elle n'a fêté sa première année d'existence qu'en novembre dernier à Lorient ; l'occasion d'un concert particulièrement réussi d'Anomalie et de Collection d'Arnell-Andrea), Clyzenn (la rosée matinale en ancien breton) nous conviait ce 14 février dernier dans le cadre du Festival des Hivernautes à une nuit Dark Family. C'était l'occasion de pouvoir goûter du Das Ich pour leur unique date en France et avant la sortie du nouvel album, de subir les réactions incontrôlées de son corps face à l'attaque sonique des Punish Yourself, d'avoir le souffle haché par la présence scénique de LTNO, ou encore de découvrir le mélange étonnant d'une formation locale, Frigo, pour finalement terminer cette soirée en " after " et en famille.
Organisés par le Pôle Musical de la ville de Quimper, les Hivernautes auront réuni durant une semaine plusieurs familles musicales, métal et musiques électroniques entre autres. Mais, évidemment, la soirée qui nous intéresse particulièrement fut celle orchestrée par Clyzenn, la " Dark Family ". Dès l'entrée, dans un bâtiment moderne à l'architecture discutable et aux plafonds abyssaux, nous sommes assaillis par des affiches titanesques, une pour chaque groupe, réalisées par Nat, le ton est donné. Après un accueil chaleureux de l'équipe de Clyzenn, nous atterrissons dans les loges pour déposer notre matériel (on s'apercevra plus tard que nos oripeaux squattaient en fait celle des Das Ich et de déguerpir aussitôt en catimini, je me disais aussi en voyant le yaourt à boire de soja et la zubrowska que nous n'avions pas commandés tout ça !). Petit tour dans la salle encore déserte, ou presque, pour goûter l'atmosphère du lieu, le temps des derniers réglages, les Punish montent leur " cage anti-émeute " et empilent des parpaings. Les Das Ich prendront leur temps avant de pointer leur nez et l'on nous informe que LTNO doit être au troquet, l'heure approche, les portes vont bientôt s'ouvrir.
DJ Ptôse de l'antenne de Brest (il faut dire que Clyzenn est éclatée dans pratiquement toute la Bretagne et propose soirées et concerts partout dans cette région), accueille avec un mix dark ambient la foule qui se presse ; Frigo, groupe quimpérois, sera le premier à jouer. Devant un public qui attend les têtes d'affiche, ils sauront surprendre par l'hétéroclisme de leurs compos (entre Cocteau Twins, June Of 44, Unsane, My Bloody Valentine et j'en passe) à l'image de la voix du chanteur qui traverse les octaves. Petit saut dans les loges où j'essaye d'attraper et de soumettre à la question Emmanuel de LTNO et où l'ambiance bordelique n'empêche pas Stefan Ackermann et Bruno Kramm de visionner consciencieusement Soleil Vert sur un ordinateur portable, les Punish revêtent leurs " costumes " fais de peinture corporelle noire et phosphorescente ; DJ Ptôse reprend les platines et assure la transition. " M# ?!e ! ", je suis en train de rater les Punish, mais Emmanuel, en transit par la Bretagne avant de retrouver sa maison à Los Angeles, répond avec amusement à quelques questions.
Retour dans la salle, Punish est en train de terminer son set. Impossible de faire un pas dans les vingt derniers mètres vers la scène sans être pris de convulsions et, de regarder, béat, ses pieds bouger tous seuls : Punish prend au corps et tétanise la rétine par leur énergie. Difficile de croire que ces diables là-bas sont les mêmes que ces êtres posés et concentrés qui étaient tout à l'heure en back stage… Forcément frustré d'avoir en partie raté ce qui devait être le meilleur moment de la soirée, je me console au son du mix de DJ Syl20 qui conclut en faisant des pieds (mais sans toucher un disque d'un orteil) et des mains, LTNO prenant du retard… Seconde claque de la soirée, ces derniers enchaînent orgasmes sonores et iconoclasme visuel. Un gorille rose go go dancer s'empare de la scène, DJ Ludo fait du hard-step en dansant sur ses platines, se propulsant en l'air au-dessus de celles-ci, alors qu'Emmanuel semble littéralement se déchirer de violence pour mieux amadouer son public la seconde d'après, d'un air mutin. Ultime provoc, l'écran géant passe sur la fin les images de leur perf lors d'un film porno, n'évitant l'émeute que grâce à l'astucieux masquage des " zones sensibles " par les ombres portées du groupe en train de jouer sur scène. Le public ébouriffé n'a que quelques secondes de répits avant que DJ Ostrogoth n'assène les hits de Rammstein et autres NIN et attend désormais avec impatience Das Ich, qui décevra mais pour lesquels l'audience jouera le jeu avec flegme et parfois passion. C'est un Bruno Kramm sautillant qui apparaît sur scène tandis que Stefan fait toujours aussi bien le Gecko… Le coup des claviers pivotant sur un axe est un peu usé, mais toujours amusant quand Bruno pousse avec ses deux bras sur son synthé, et nous, de nous demander ce qui est réellement joué ou enregistré. Impression d'autant plus renforcée par le fait que les deux pin-up que se sont adjoints le groupe semblent plus être faites pour attirer l'œil du chaland que pour autre chose. Puis, les indices finissent pas filtrer " pendant la balance, il n'y avait qu'un synthé branché ", " je viens d'aller voir la sono, il n'y a que deux pistes en live ", etc.… Enfin, aux cris de " Bonjour Quimper ! ", " Gros Bisous " ou " Notre dernier album s'appelle AnteChrist ", Bruno (oui, il parle français) et ses acolytes nous auront quand même fait découvrir de nouveaux titres et passer un bon moment au son des anciens.
Le temps de tout ranger et nous voilà partis pour l'after. Bruno Kramm a promis de mixer là-bas, mais les Das Ich se volatilisent à la sortie de la salle et le blind test promis juste avant leur passage sur scène tombe à l'eau, " et ben, décidément "… Et l'on apprend qu'on aurait pu assister à un concert d'October 27th là-bas mais comme Bruno devait mixer… " pfff ". Enfin, en pleine campagne bretonne et à travers la brume nous arrivons sur les lieux où les DJ de Clyzenn reprennent du service, où je m'écroule lamentablement de tant d'émotion, et où groupes, membres de l'asso et public averti (il fallait être à l'affût et s'inscrire au concert) se mélangeront dans un ambiance intimiste et amusée malgré la fatigue des uns et des autres.
Dark Fanch
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