Comment chroniquer l'inchroniquable ? Comment parler d'un tel OVNI ? Je sais, certains soulignerons que ma prose étant ce qu'elle est, j'aurais pu tout simplement m'abstenir de parler de ce premier CD de Fantomas(1999)... mais là n'est pas la question.
A la base de ce projet, un véritable fou furieux : Mike Patton (ex-chanteur du très regretté groupe Faith No More) dont la seule présence garantie " l'inclassabilité " d'un projet (c'est aussi à lui que l'on doit Mr Bungle et Tomahawk). Ce dernier s'est entouré de trois musiciens presque aussi déjantés que lui, capables de soutenir la comparaison -avec leur instruments respectifs- avec ses vocalises (et ce n'est ps rien)... Jugez plutôt : Dave Lombardo (ex-batteur de Slayer), Trevor Dunn (bassiste de Mr Bungle) et Buzz Osborne (extraterrestre guitariste des Melvins).
Tous ensemble, ils tentent de retranscrire musicalement une BD de Fantômas (et oui, le nom du groupe avait bien une relation directe avec les aventures de l'inspecteur Juve). Pour être clair : chacun des morceaux du CD (il y en a 30) correspond à une page du livre (chaque page contenant plusieurs cases). Mais attention ! Il est plus question ici de tisser l'atmosphère de la page que d'en reconstituer l'histoire case par case : en effet, aucun texte ne vient émailler cette illustration musicale (Mike Patton utilise son organe comme un instrument : il crie, fredonne, " onomatope "... mais ne chante pas) et seuls quelques éléments narratifs - sirène, cris, coups de feu, bruits de pas…- peuvent donner des pistes pour s'imaginer un récit.
Sur le plan musical, on obtient un style très éclectique car les ingrédients sont aussi bien piochés dans la musique de film que dans le heavy-metal, le grind, l'ambiant ou bien encore la musique expérimentale. Un tel mélange, sur 30 plages dépassant très rarement les deux minutes (la plus courte s'étalant sur 28 sec.), confère à l'ensemble un aspect quelquefois bordélique : on n'essaiera même pas de compter le nombre d'arrêts et autres changements de rythmes toujours surprenants qui surviennent tout au long du disque. On est en droit de se demander si l'improvisation n'est pas la clef d' " Amenaza al mundo " tant les compositions sont complexes et triturées (torturées ?). Les comptes-rendus des concerts du combo prouvent qu'il n'en est rien car leurs interprétations live ont la réputation de coller au millimètre près aux versions studios.
Sachant cela, on se dit qu'on a bien affaire à une bande de maniaco-virtuoses qui proposent une musique froide, lourde et extrêmement dérangeante qui devrait ravir les personnes en quête de sons anticonformistes.
The D.

Et puis si vous n'êtes toujours pas convaincus que vos oreilles veulent rencontrer la musique de Fantômas et bien je vous répondrais que de toutes façons la tignasse du grungeux Buzz Osborne a depuis longtemps supplanté celle de Robert Smith dans mon cœur .
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Je sais, c'est pas un argument.