Le troisième album de Garbage a divisé la critique et le public en deux camps: ceux qui vomissent "Beautiful Garbage" et ceux qui l'encensent. Souffrez, chers lecteurs, qu'à ce débat d'idées-là je sois le "troisième homme". "Beautiful Garbage" est clairement le disque le plus faible du quatuor, mais il n'en est pas moins un album très riche et d'une très grande beauté mélodique. Estimant que le R n' B est l'une des musiques les plus "créatives" du point de vue sonore, les quatre larrons de Garbage ont donc décidé d'axer leur musique autour de sonorités et de vocaux plus proches de Britney Spears ou de Destiny's Child que de leurs précédents albums. La démarche est intéressante mais, hélas, du plus mauvais goût. Car il est difficile d'écrire des chansons très profondes en s'inspirant d'un genre musical voué à la superficialité et à la vulgarité. On est cependant surpris de la performance vocale de Shirley Manson, visiblement très à l'aise dans ce genre de chant. Mais le problème va plus loin qu'une simple histoire de goûts: Jusqu'où peut aller un groupe dans l'exploration musicale ? Garbage a toujours hésité entre recherche sonore et démarche commerciale. "Beautiful Garbage" voit ces deux tendances contraires poussées à l'extrême, donc à l'absurde. Les quelques ballades à la Roy Orbison et les mélodies très "rock n'roll 60's" qui composent l'album ne s'accordent guère avec l'enrobage "groove" moderne. Le résultat est plus fade et bancal que minable ou génial. Chacun sera donc libre de chérir ou d'honnir ce disque à la beauté... contre-nature !
Mario