C'est mon coup de cœur du mois ! Pourtant, Marcœur ne donne ni dans le goth, ni dans le métal, ni dans l'indus, ni même dans l'électro. En fait, Marcœur ne peut être classé sous aucune étiquette. Et pourtant, cela fait plus d'un quart de siècle qu'Albert Marcœur, auteur-compositeur de génie, brouille les pistes avec des albums uniques et remarquables, baignés d'influences aussi diverses que le jazz-rock, la chanson, la musique expérimentale et le rock progressif. Entre King Crimson et Magma, l'accordéon et les samplers en plus, Marcœur s'est construit un univers très personnel où l'émotion la plus pure côtoie les recherches sonores les plus invraisemblables. Mais là où les groupes cités plus haut se tournent vers l'espace ou les civilisations extraterrestres, Marcœur déflore pudiquement le quotidien, dépeignant avec une étonnante justesse et non sans un humour désabusé des détails infimes mais significatifs. Son huitième album, "Plusieurs Cas de Figure" dévoile un Marcœur cynique et inspiré qui s'attaque aux grands de ce monde, tels que Brigitte Bardot, Anne Sinclair, Eddie Barclay et Robert Hossein ( dans l'excellent "Robert et les Insectes" où Marcœur débite des insanités honteuses et réjouissantes sur des samples de cors de chasses et d'insectes bourdonnants). Au-delà de l'aspect provocateur, Marcœur rapetisse les grands, les ridiculise intelligemment sur des ritournelles mélancoliques, souvent basées sur de dissonants accords de guitare enjolivés de cuivres magmaïens et de chants décalés. Outre ce brillant album, Albert Marcœur est auteur de deux autres chefs d'œuvre indispensables: "Ma Vie avec Elles" (1990) et "Sports et Percussions" (1994) que vous devriez être honteux d'ignorer plus longtemps !
Mario