Annoncé en (trop) grandes pompes, le retour du surdoué de la techno, auteur des immortels "Come to Daddy" et "Windowlicker", semblait bien être l'évènement électronique de l'année. Double évènement, car si Richard D. James daigne enfin sortir de son terrier après plus de deux ans de silence, ce n'est pas pour publier un produit bâtard entre album et maxi ne dépassant, comme à l'accoutumée, la demi-heure qu'avec réticence mais pour accoucher d'un bébé géant de plus d'1h30 et rassemblant pas moins de 30 titres sur un double-CD ! Hélas, si la forme n'était guère prévisible, le fond ne l'est que trop... Car "Drukqs" est une éclatante arnaque, bien indigne d'Aphex Twin que, de mémoire de technoïde, on n'avait jamais connu aussi peu inspiré. D'abord, sur les 30 titres annoncés, 19 sont de petits instrumentaux d'à peine 2 minutes, pour la plupart mollement improvisés au piano. Restent onze titres d'électronica absolument quelconques, qui auraient pu être programmés par n'importe quel artiste de chez Warp. Pas mauvais, mais, encore une fois, on se demande où sont passées la folie, l'hystérie stridulante propres à Aphex Twin. Seuls joyaux brillant au milieu de ce titanesque navet musical, les titres "Mont Saint-Michel" et "Taking Control" représentent le sommet créatif de "Drukqs". Mais si, comme moi, vous avez déjà cette année vibré aux chefs-d'œuvre d'Autechre, de Plaid et de Squarepusher, ne vous faites pas de mal inutilement: laissez donc ce disque dans son rayon et faites comme moi: essayez d'oublier !
Mario