Le Doom métal va plutôt mal ! Depuis la défection d'Anathema, le manque d'inspiration de My Dying Bride, le pétage de plombs de Theatre of Tragedy et la surmédiatisation foireuse de Type O Negative, ce genre musical pourtant fort créatif et en tout cas indéniablement prometteur semblait mort avant même d'être réellement né. Et même si ...And Oceans ou Tristania sauvent la face en déviant cependant de leurs trajectoires initiales, même si Neurosis s'est découvert sur son dernier opus un talent insoupçonné pour ce genre, on désespérait de voir éclore d'autres perles. Or, se résigner eut été un bien mauvais choix. Car après un MCD et un album enthousiasmant, Shape of Despair accouche de l'album Doom de l'année. Ces cinq métalleux font preuve d'un génie insolent en sachant marier avec une maîtrise renversante riffs lourds et flamboyants avec une austérité totalement neurasthénique. Les vocaux, masculins et féminins, sont mixés suffisamment en retrait pour "illustrer" les ambiances musicales sans interférer avec elles. Crédibilité, rigueur, maturité sont les mots qui viennent à l'esprit pour qualifier ce quintette qui ne craint pas de dépasser le quart d'heure pour parvenir à ses fins. Un groupe comme Shape of Despair rachète le métal à lui seul et contrebalance avec brio les nombreuses sorties médiocres qui viennent polluer les bacs chaque année. En cinq morceaux étirés et près d'une heure de musique, Shape of Despair prouve brillamment qu'il faudra désormais compter avec lui et que gothiques et métalleux sauront harmonieusement se rencontrer sur ce disque précieux, beau, simple et profond, lyrique et désespéré, qu'est "Angels of Distress".
Mario