Echouée sur un rivage inconnu, Liliana découvre un monde particulièrement étrange et des habitants monstrueux qui ne le sont pas moins. Asexués, ne connaissant ni jour, ni nuit, ni passé, ni futur, les nombreuses castes de ces êtres burlesques et effrayants peuplent une ruche souterraine où l'absurde fait loi. Ce sont des êtres évolués : ils n'ont plus d'âme.
Paru en 1949, ce livre fait aujourd'hui figure d'œuvre "culte" : c'est certainement le premier livre de SF écrit en langue bretonne ("l'île sous cloche" est la traduction par l'auteur de son roman "Enez ar rod"), et Xavier de Langlais est avant tout reconnu pour ses talents de peintre et non pour sa plume (bien qu'il ait toujours mené de front bien d'autres activités encore).
L'inquiétude qui se dégage de l'ambiance précédant la guerre de 1939 influence sans doute ce roman ; on peut l'interpréter comme un cri d'angoisse vis à vis de l'emploi inconsidéré de la biologie et de la technologie : l'absence d'âme est la condition nécessaire, impérieuse, à la bonne adaptation à la société biologique de l'ïle-Sous-Cloche. Les êtres décrits ici portent des numéros, ont une seule fonction (utile à leur société) et ne pensent que par elle... ce sont des objets.
Même si Wells, Barjavel, Spitz ou Huxley ont su décrire avec plus de subtilité et de clairvoyance les déviances possibles d'une généralisation de l'ingénierie génétique, la singularité du roman de Xavier de Langlais lui confère une saveur indéniable.
The D.