"1967... année ou Georges Jung, considérant que les occasions légitimes qui s'offraient à lui de devenir riche et célèbre diminuaient comme une peau de chagrin, décida que la meilleure solution, pour quelqu'un d'aussi courageux que lui, était de se lancer, à grande échelle, dans le trafic de Marijuana…"

Etonnante vie que celle de Georges Jung : rien ne permet de penser que ce jeune homme (presque) comme les autres va petit à petit développer, avec le cartel de Medellin, un trafic de cocaïne qui atteindra à son apogée 35 milliards par an…
Même s'il est avant tout journaliste, Bruce Porter évite le piège de la biographie trop linéaire et appliquée. On se surprend à trouver réellement attachant cet homme qu'on oublie (parfois) être un trafiquant. Cela est en partie dû à son charisme et à son humour, indiscutables, qui transpirent continuellement tout au long de " blow " (à tel point que l'on croit souvent lire une autobiographie, ce qui est presque le cas quand on sait que ce livre a pu être écrit grâce à des centaines d'heures d'entretien entre Georges Jung et Bruce Porter). Un autre point fort du livre est que l'auteur se permet de nombreuses disgressions, toujours judicieuses, qui permettent au lecteur de garder un intérêt total : l'ascension de ce dealer est ainsi ponctué d'un mode d'emploi pour obtenir la meilleure came possible à partir du matériau brut, d'un aperçu économique poussé du commerce de cocaïne vers la fin des années 70 (où comment se rendre compte que le susdit commerce est plus que rentable), de références historiques et de leur impact social sur les USA (la guerre du vietnam, Woodstock, la politique de répression de Bush...), de nombreuses anecdotes personnelles (prise de contact avec un gourou lors d'une période creuse, relations " pimentées " avec les femmes - dans un moment de désespoir, ce caïd de la drogue ira presque jusqu'à se livrer à la police pour échapper à sa compagne du moment-, hallucinations dues à une consommation excessive de substances interdites...), etc.
Arrêté au milieu des années 80, Georges Jung meurt à l'âge de 50 ans en 1992 : il gagnait alors 150 dollars par semaine en transportant du poisson fraîchement pêché, bien qu'il estimait avoir gagné 100 millions de dollars au cours de sa vie. On devrait trouver cette fin morale... on a paradoxalement l'impression qu'elle ne l'est pas.
The D.

Actuellement, le film de Ted Demme (avec Johnny Depp et Peneloppe Cruz) inspiré de " Blow " sort en DVD et vidéo : je l'a pas vu, j'a pas de commentaires à faire.