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"Je ne crois pas que j'avais des raisons d'être ici (...) Si jamais tu devais me demander pourquoi je suis venu, je dirais que
c'est comme ça, c'est tout...»
Lorsque l'on parle d'Alex Garland on lui associe aussitôt le best-seller «la plage». Ce serait dommage d'en rester là (même si
beaucoup d'écrivains s'en contenteraient avec raison) car son deuxième livre prouve qu'il n'est pas l'auteur d'un seul roman.
L'intrigue principale se situe à Manille, la capitale Philippine oppressante (l'atmosphère du roman ne pouvait s'inscrire ailleurs que
dans la poisse des bidonvilles) qui va rapprocher des personnages que rien ne disposait à se rencontrer : Don Pepe (vieux parrain
raffiné mais dont l'âge n'a pas su modérer la cruauté), deux hommes de main de la mafia locale, deux gamins des rues qui
racontent leurs rêves nocturnes à un étrange psychologue, une femme médecin... Tous vont assister à la fuite d'un marin trafiquant
qui mène le lecteur vers un dénouement qu'on imagine sanglant dès les premières pages.
Cette course éperdue ne dure certainement pas plus d'une heure, mais pendant celle-ci, une série de flash-backs nous permet de
rentrer dans la vie personnelle de chacun (autant d'histoires dans l'histoire) : on nous dévoile leurs sensibilités, leurs peurs, des
évènements marquants de leur vie... une méthode efficace pour nous les rendre attachants car on comprend ainsi leurs
motivations et réactions dans ce drame qu'ils subissent tous ; car personne ne s'explique pourquoi ni comment il en est arrivé là.
Une seule certitude : il faut maintenant aller jusqu'au bout (de toutes façons le choix n'existe plus).
L'écriture rythmée d'Alex Garland, qui partage la narration entre les différents protagonistes, cisèle l'ensemble avec précision
et aboutit à un rendu très cinématographique (Sur les 31 premières pages - qui justifient à elles seules l'acquisition de ce poche -
ainsi que sur le dénouement, le temps se suspend comme dans les scènes tendues des westerns d'un Sergio Leone). On espère
juste que Guillaume Canet (ses précédente prestations -dans la plage notamment- ont réussi à me convaincre que Christophe
Lambert jouait juste finalement) ne sera pas de la partie si adaptation cinématographique il y a.
The D.
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