La soirée s'annonçait brumeuse avec une telle affiche, et agitée, si l'on s'en référait au concert des Young Gods au même endroit l'année dernière..
Elle débuta par Spor, mais pour nous par un apéro prolongé qui nous valut de manquer leur prestation ! Une autre fois peut-être...
Bref, le temps de prendre un verre et Shane Cough commençait.
Juste un petit tour d'horizon pour m'apercevoir que la salle, qui à mon sens aurait dû être envahie de corbacks, comptait une multitude de "ravers", treillis et dread locks à l'appui et autres déglingués anciennement rattachés à la Fun House du temps de son existence ! Ah mais quelle joie de partager ces moments avec les "teuffers de l'an 2000" ! Vraiment !
Mais bon, Clyzenn n'avait pas l'air trop dépaysé, et était là pour raviver la flamme. En fait tout cela présageait un maximum de sons electro et une ambiance punk comme il n'en existe qu'à Rennes.
C'est d'ailleurs à peu près ce que nous ont offert les Shane Cough sur scène. Difficile pourtant au départ d'y croire, surtout en voyant le joli minois de Marianne, la chanteuse, qui avait l'air de sortir de Elle ou Vogue pour sa ressemblance limite avec Kate Moss ou tout autre top de base, et de ses fans bourrés beuglant à qui veut bien l'entendre comme elle est bonne ! Mais alors là, quel spectacle ! Epoustouflant ! Un rituel electro-punk, mêlant les racines et le modernisme de la culture underground comme je ne l'avais jamais vu. On saluera au passage l'excellente équipe de l'Antipode qui nous offrait comme à son accoutumée une qualité et une quantité de son inoubliable ! De l'electro-indus saccadée, torturée, explosive, bizarre... Même si l'obscurantisme s'étalait plutôt sur un ensemble ravagé (comprenez par là que ça sentait quand même le groupe bien à la mode, d'où un public jeune et actuel !).
Courte pause. Les Young Gods entrent en scène, nous offrant un concert encore meilleur que celui déjà parfait de l'année passée, en bons professionnels, et avec une telle chaleur humaine, une complicité qui pousse à l'interrogation... Une certaine fantaisie même, à en voir les gesticulations du groupe sur scène et l'utilisation d'instruments assez déroutants. Ils nous ont offert trois rappels et plein de lumière dans leurs sourires de gamins émerveillés, évitant la séparation à chaque fin de morceau, grappillant de nombreuses minutes déchirantes pour eux, soulageantes pour nous et notre insatiable envie de bouger aux rythmes de "Kissing the Sun" ou encore "L'Amourir" (dont les versions ont été particulièrement remarquables !) Un moment fort, partagé. Seul bémol, légère frustration sur la plupart des morceaux qui se fondaient sur un schéma crescendo mais retombaient nets en pleine poussée d'adrénaline. Dommage...
Quoi qu'il en soit, quand je compare aux concerts parisiens (Project Pitchfork par exemple -non ça je ne préfère pas en parler pour l'instant, ça risquerait de m'énerver !), je me dis que le public Breton a encore de quoi faire leur fête aux groupes, si ceux-ci daignaient bien venir jusqu'à nous ! -simple réflexion personnelle devant la désertification des équipements culturels rennais...
Adonaïs


Photos (1 de Shane Cough et 2 des Young Gods)